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"Jeunesse dans une banlieue américaine miniature"

Je garde en mémoire l’image des quatre maisons du catalogue qui se répétaient comme les jours de la semaine tout au long des rues trop calmes, les arbres dans les jardins sans barrières de séparation, le garage au bout du driveway perpendiculaire à la rue, les enfants sur leurs vélos et les Desperates Housewife à la fenêtre de leur cuisine.

"La culture grunge comme échappatoire"

J’y ai été un enfant heureux, je crois, mais surtout un adolescent fasciné par la culture grunge, sa musique et ses relations toxiques, qui me permettait d’échapper au rêve miniature de cette banlieue sans histoire. Si je savais au plus profond de moi que je ne voulais pas de l’avenir étriqué de cette Amérique de modèle réduit, tout en ayant aucune idée sur ce que je voulais devenir.

"L'impact de Gérard Rebut et le début dans l'assurance"

Lassé par mon comportement dangereux pour ma santé comme pour mon avenir, mon père m’a conduit un jour d’octobre 1998 au 2 rue de la Bourse à Paris. Il m’a présenté à monsieur Gérard Rebut, un courtier en assurance distingué, à l’élégance et au charme britannique, et à la finesse intellectuelle incontestable. Il m’a à peine regardé, tout juste salué, et simplement dit : assieds-toi, ouvre tes oreilles et tais-toi.

"La création de Kine Assur"

Grâce à lui et à ses encouragements, j’ai eu ma première idée : Kine assur, un produit spécialisé à destination des kinésithérapeutes. C’était apparemment simple. Il suffisait d’avoir une idée, de se battre sans relâche pour transformer des prospects en clients puis de défendre leurs intérêts. J’aimais cela, forcer les portes et les fenêtres pour dépasser les fins de non-recevoir et obtenir un rendez-vous.

"Premières réussites dans le monde du show-business"

En 2001, Gérard Rebut a vendu son entreprise et grâce à mon père j’ai rejoint Gras Savoye dans le service sport, événements et risques spéciaux. J’ai continué à travailler, à démarcher mes prospects, à défendre mes clients, à imaginer de nouveaux produits.

Et puis un jour, après des semaines de combats, des centaines de coups de téléphone, je suis devenu le courtier de la première Star Academy. J’ai rencontré des artistes, des producteurs, des femmes et des hommes qui prenaient des risques considérables pour entreprendre de grandes choses, et me demandaient d’en prendre à mon tour pour les protéger. Plus qu’un travail, je m’amusais. Je passais mes soirées dans les coulisses, les backstages, les loges. J’étais derrière eux chaque fois qu’il y avait un risque à couvrir.

"Premières réussites dans le monde du show-business"

En 2008 Jean Claude Camus, le producteur de Johnny Halliday, m’a demandé d’assurer le Tour 66, la dernière grande tournée du chanteur. Profites-en pour devenir grand à ton tour, m’a-t-il dit, et monte ta propre entreprise.J’ai hésité. Beaucoup discuté. Beaucoup écouté et j’ai finalement pris le risque de créer OVATIO.
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Je suis devenu le courtier vedette du show-business.
J’ai ainsi acheté des entreprises pour faire grandir la mienne. J’ai engagé des collaborateurs, protégé et défendu des nouveaux clients. Je réussissais. Je m’amusais. J’étais si loin de mon quartier de la Verville et si proche de mon Amérique à moi. Parce que je ne savais toujours pas ce que je voulais vraiment, parce que j’avançais uniquement pour m’éloigner de ma petite ville, j’ai cru que j’étais arrivé, que j’étais enfin devenu celui que j’avais rêvé d’être. 

"Le rêve réalisé, mais à quel prix ?"

J'ai vendu Ovatio au numéro un mondial de l’assurance. 
Et ce qui aurait dû être un aboutissement est devenu une voie sans issue. Qu’avais-je gagné avec cette vente ? La réalisation de mon rêve ? Mais quel était-il vraiment mon rêve ?

La réponse m’est apparue lors de la signature de l’acte ultime de la cession d’Ovatio, alors que je demandais à mon épouse ce que nous allions faire du produit de cette vente. « Nous avons une jolie vie, m’a-t-elle dit, et je ne veux pas en changer ».

"La leçon de vie : travailler pour les autres, pas pour soi"

J’ai compris que vendre mon entreprise n’était pas l’acmé de la réussite. Compris que toute ma vie j’avais saisi des mains tendues. Celle de mes parents pour une enfance heureuse. Celle de mon épouse qui a tout supporté et me supporte toujours. Celle de monsieur Rebut pour découvrir un métier. Celle de Johnny Hallyday pour lancer mon entreprise. Celle de tous ceux qui ont accepté de me suivre dans mes aventures.
Celle de la vie qui me faisait tous les cadeaux. Compris brutalement que ce numéro un me tenait maintenant au creux de la sienne et qu’il ne me ferait aucun cadeau.

Je comprends maintenant que je n’ai jamais travaillé pour réussir, mais pour aider ceux qui me faisaient confiance. Parfois je me demande même si c’est bien le hasard qui m’a amené à l’assurance. Quelle autre profession m’aurait donné le plaisir de travailler à protéger les autres ?

"Protéger la famille et aider les autres à s'épanouir"

Nous avons décidé avec mon épouse de ne rien changer, mais de protéger notre famille. Alors nous avons acheté un appartement à ma belle-mère pour la rapprocher de nous. Refait entièrement la maison de mes parents à Mennecy pour y passer nos vacances. 

Et puis j’ai aidé mon épouse à lancer « aïA » un centre de santé intégrative pour venir en aide à ceux qui ne trouvent pas ce qu’ils ont et ce qu’ils sont. Je ne sais pas ce que demain me réserve. Mais j’ai la certitude que je ne travaillerai plus jamais pour réussir. Parce que j’en ai le loisir désormais, mais surtout parce que j’en sais aujourd’hui le prix.  Je ne regarderai pas pour autant passer le temps, ma nature à horreur de l’immobilité. J’entreprendrai à nouveau pour donner l’assurance de la tranquillité à ceux qui prennent des risques dans leurs métiers de saltimbanques. À mon tour je vais tendre la main.